
Spécificités du régime de retraite des travailleurs indépendants
Introduction
Artisans, commerçants, professions libérales, micro-entrepreneurs… les travailleurs indépendants représentent aujourd’hui une part croissante de la population active en France. Leur statut leur confère autonomie et liberté, mais implique aussi une responsabilité accrue dans la gestion de leur avenir, notamment en matière de retraite.
Contrairement aux salariés, les indépendants cotisent à des régimes spécifiques qui, bien qu’harmonisés en partie avec le régime général, présentent encore de nombreuses particularités. Souvent moins généreux et plus complexes, ces régimes nécessitent d’être bien compris pour pouvoir anticiper les manques éventuels et mettre en place des solutions complémentaires.
Dans cet article, nous faisons le point sur les spécificités du régime de retraite des indépendants : fonctionnement, différences avec les salariés, pièges à éviter, outils à connaître et bonnes pratiques pour sécuriser son avenir financier.
Glossaire express :
- PASS : Plafond Annuel de la Sécurité Sociale (46 368 € en 2024)
- CNAVPL : Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse des Professions Libérales
- CIPAV : Caisse Interprofessionnelle de Prévoyance et d’Assurance Vieillesse (ex. architectes, consultants)
- CARMF : Caisse de Retraite des Médecins Français
- CARPIMKO : Caisse de Retraite des Paramédicaux
- VPLR : Versements Pour La Retraite — dispositif facultatif pour compléter sa durée d’assurance

1. Un régime de base harmonisé, mais des complémentaires spécifiques
Depuis la disparition du RSI (Régime Social des Indépendants) en 2018, les travailleurs indépendants sont rattachés au régime général pour leur retraite de base. Cette réforme a permis une simplification administrative et un rapprochement des règles de calcul avec celles des salariés.
Le calcul de la retraite de base repose désormais sur les mêmes principes :
- Le revenu moyen des 25 meilleures années est pris en compte, dans la limite du Plafond Annuel de la Sécurité Sociale (PASS).
- Le taux plein est atteint si le nombre requis de trimestres est validé (entre 166 et 172 selon l’année de naissance).
- Les trimestres sont validés en fonction du revenu cotisé : en 2024, il faut avoir cotisé sur un revenu annuel minimum de 6 600 € pour valider un trimestre.
Cependant, au-delà de cette base commune, chaque catégorie d’indépendant est affiliée à une caisse de retraite complémentaire spécifique :
- Artisans et commerçants : gérés par la Sécurité sociale des indépendants (SSI), avec une retraite complémentaire propre.
- Professions libérales : affiliées à l’une des dix sections de la CNAVPL (ex : CIPAV, CARMF, CARPIMKO), avec des règles de calcul variables selon la profession.
- Micro-entrepreneurs : leurs cotisations sont forfaitaires, calculées en pourcentage du chiffre d’affaires, ce qui génère des droits réduits.
Bon à savoir : le cumul d’activités (ex : salariat + activité libérale) génère des droits distincts dans chaque régime, qui seront pris en compte lors de la liquidation.
2. Des pensions plus faibles qu’en salariat : pourquoi ?
Les pensions de retraite des travailleurs indépendants sont, en moyenne, nettement inférieures à celles des salariés. Cet écart peut aller jusqu’à 40 %, et s’explique par plusieurs facteurs structurels :
- Les cotisations sociales des indépendants sont globalement plus faibles que celles des salariés (notamment en l’absence de part patronale).
- Il n’existe pas de dispositifs de retraite d’entreprise ou d’épargne salariale obligatoire.
- Les carrières des indépendants sont souvent marquées par des interruptions, des revenus variables, voire des débuts d’activité tardifs.
À retenir :
En 2023, la pension moyenne des indépendants était d’environ 1 050 € bruts par mois, contre 1 500 € pour un salarié du privé.
Les femmes indépendantes sont particulièrement exposées au risque de pension faible, du fait de carrières hachées.
C’est pourquoi une stratégie de retraite personnalisée est essentielle !
3. Reconstituer une carrière et sécuriser ses droits
Le nombre de trimestres validés a un impact majeur sur le calcul de la pension. Or, beaucoup d’indépendants ne valident pas 4 trimestres par an, notamment en début d’activité ou en cas de revenus modestes.
En 2024, pour valider une année complète, il faut déclarer au moins 26 400 € de revenus nets. Ce seuil est rarement atteint dans certains métiers indépendants ou en micro-entreprise.
Bonnes pratiques :
Vérifier régulièrement son relevé de carrière (via lassuranceretraite.fr ou info-retraite.fr).
Effectuer des rachats de trimestres pour études supérieures ou années incomplètes (coût variable selon l’âge et le revenu).
Envisager des versements pour la retraite (VPLR) pour compléter sa durée d’assurance (dispositif fiscalement avantageux).
Anticiper les impacts d’une carrière mixte (salarié puis indépendant, ou inversement) et bien comprendre les modalités de coordination des régimes.
Un bilan retraite personnalisé permet de faire le point, simuler différents scénarios et mettre en place des actions ciblées.
4. Cas pratiques : deux profils, deux approches
Julie, 44 ans, micro-entrepreneure en activité depuis 10 ans
Julie exerce en tant que photographe freelance et déclare un chiffre d’affaires annuel moyen de 20 000 €. Son statut de micro-entrepreneur lui impose un prélèvement social simplifié, mais ne lui permet de valider que 3 trimestres par an. Sans intervention, elle risque de partir avec un déficit de trimestres et une retraite faible.
Solution : Julie peut envisager un rachat de trimestres à tarif préférentiel pour ses années d’études, et mettre en place un Plan d’Épargne Retraite (PER individuel), un produit d’épargne à long terme permettant de constituer une retraite complémentaire avec un avantage fiscal immédiat (déduction des versements de son revenu imposable).
Hakim, 58 ans, ancien cadre devenu consultant indépendant
Après 30 ans de carrière salariée, Hakim a créé son entreprise de conseil en stratégie. Il bénéficie déjà de 155 trimestres validés, mais souhaite connaître l’impact de ses nouvelles années d’indépendant sur sa future pension.
Solution : Un bilan retraite approfondi lui permet de confirmer qu’il obtiendra le taux plein à 62 ans. Il envisage une retraite progressive pour cumuler partiellement emploi et pension, tout en poursuivant son activité à temps choisi. Il met également en place une stratégie de défiscalisation via PER et assurance-vie, cette dernière lui offrant une souplesse de gestion, une fiscalité avantageuse et une solution de transmission optimisée.
« J’avais peur d’arriver à la retraite avec des droits insuffisants. Grâce à l’aide d’Emmanuel chez Avenir Patrimoine Conseil, j’ai pu faire des bons choix et ne pas perdre de temps. Aujourd’hui, je me projette sereinement. »
5. Préparer sa retraite d’indépendant : les bons leviers
Préparer sa retraite quand on est travailleur indépendant implique de prendre les choses en main plus tôt et plus activement que dans le salariat. Voici les principales actions à mettre en œuvre :
- Réaliser un bilan retraite dès 45 ans, voire avant si parcours atypique
- Corriger les éventuelles erreurs dans le relevé de carrière
- Racheter des trimestres si pertinent (études, années incomplètes)
- Mettre en place une épargne retraite diversifiée :
- PER individuel : outil de préparation à la retraite avec défiscalisation à l’entrée et choix entre sortie en capital ou en rente à la retraite
- Assurance-vie : placement souple et transmissible, idéal pour lisser l’épargne à moyen-long terme
- Immobilier locatif (LMNP) : source de revenus complémentaires avec fiscalité optimisée via amortissement
En tant que conseiller patrimonial spécialisé, nous saurons vous recommander les bons produits en fonction du profil de revenu, du niveau d’imposition et de l’horizon de retraite.
En conclusion
Les spécificités du régime de retraite des travailleurs indépendants en font un système à part, souvent mal compris et sous-estimé. Pour éviter les mauvaises surprises, il est essentiel d’adopter une approche proactive, d’analyser sa carrière avec précision et de mettre en place des solutions adaptées.
La retraite n’est pas une fatalité : elle peut être anticipée, pilotée et optimisée avec les bons outils.
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